Chronique 30 : être à l’heure
Pour mon père, être à l’heure signifiait être toujours en avance… voire très très en avance… dans les manifestations, rendez-vous, départs en voyage, etc. Pendant très longtemps, j’ai eu besoin d’être très en avance … quitte à être trop en avance !
Il y a bien eu une ou deux fois où cette marge s’est justifiée et a donc été utile … grâce à des imprévus 😉 Par contre, la plupart du temps, cette « avance » se justifiait uniquement au niveau de la quiétude !
J’ai aussi eu d’autres modèles dans mon enfance. Je pense en particulier à un personnage du village. Quand il était arrivé… en retard bien entendu et certainement à l’heure pour lui …, tout le monde pensait tellement fort en rigolant tendrement, que je pouvais « entendre » : « cela peut commencer maintenant qu’il est là ! »
Qu’est-ce qui se cache là derrière ?
Et si c’était en lien avec le temps plus qu’avec l’horaire ?
Il semble que le temps est venu pour moi de creuser la question !
Vous prenez le temps de m’accompagner ?
Oui ? A la bonne heure 🙂
Au niveau matériel, être à l’heure, exige l’accès à une montre ou pendule dans le fuseau horaire du lieu. Actuellement, le téléphone portable nous donne cet accès instantanément… avant il y avait les cadrans solaires… Avoir accès à l’heure devrait permettre d’être à l’heure !
Au niveau mental, être à l’heure, exige une décision de départ et d’arrivée avec un but… Savoir décider et avoir un but devrait permettre d’être à l’heure !
Au niveau émotionnel, être à l’heure, exige de prendre en compte ce qui se passe à ce moment-là… Vivre le moment présent et s’adapter devrait permettre d’être à l’heure !
Et pourtant, parfois nous manquons des rendez-vous importants au niveau professionnel ou personnel… tout en étant présent-e d’ailleurs… un vrai sentiment d’avoir loupé le train du flux de la vie… d’avoir loupé notre propre rendez-vous avec nous !
Au niveau historique, après quelques recherches, l’heure a été inventée, semble-t-il, par Alfred le Grand au IXe siècle. Il s’en est servi pour connaître les heures de ses prières la nuit. En brûlant, la chandelle libère de petites perles à intervalles réguliers marquant ainsi le temps !
L’heure est donc une unité de mesure secondaire du temps et le mot désigne aussi l’instant lui-même, l’heure qu’il est vraiment ! Depuis 1967, la seconde est devenue l’unité de mesure du temps, définie par rapport à une propriété de la matière et non plus par rapport à l’année. La seconde est la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l’état fondamental de l’atome de césium 133. Une seconde à la précision atomique proposée par un chercheur anglais Louis Essen !
L’heure n’est plus qu’une unité correspondant à 3 600 secondes !
Et bien… le temps en lien avec les propriétés de la matière… j’en reviens pas 😉 … cela devait être dans l’air du temps !
Au niveau du concret, dans la nature sur notre précieuse Terre, il y a le Soleil et la Lune qui nous donnent l’heure POUR se lever, se coucher, semer ou planter ou récolter, prendre en compte les marées et veiller sur l’eau et notre eau, faire un voeu, couper les cheveux ou pas !
Au niveau du quotidien, il y a des journées où le temps passe trop vite. Il semble que les minutes s’écoulent plus vite que d’habitude et qu’il sera impossible de faire ce qui est prévu… sans parler des nuits si courtes que le matin est déjà là !
Bien sûr il y a aussi les journées ou les nuits où le temps s’étire en longueur et qui ne finissent pas de se passer ! Du temps perdu !
Et il y a ces moments où tout est juste parfait ! Les événements s’enchaînent dans le temps et dans l’espace si facilement qu’il semble que nous ne faisons rien pour que cela se passe. Tout coïncide ! Tout est synchronisé ! Nous vivons des synchronicités … peut-être 🙂
Au niveau humain, la durée des heures, minutes et secondes étant fixe, je me suis demandée quelle perception ou quelle sensation ou quel sentiment vient ainsi modifier notre vécu ? … quitte à ne plus « contrôler » le temps ou à le perdre ?
Et oui… en même temps, à la même heure, il est possible de se réjouir de partir en vacances et d’être triste qu’elles vont finir !
Une même heure pour un début heureux ou triste de quelque chose ET la fin heureuse ou triste d’une autre chose ! Voilà de quoi hésiter non ?
Du coup, à cette heure-là, vais-je être heureux/heureuse de partir en vacances ou triste parce qu’elles vont se terminer ?
Des instants de mélange du temps à vivre… hum hum … cela pourrait être une piste du « pas à l’heure » ! … une fuite devant ce que je ne peux pas contrôler ?
Trop en avance… peut-être car pas facile d’avoir suffisamment de temps pour tout faire et en profiter ? Déjà triste que cela va finir ?
En retard… peut-être car pas facile d’arrêter ce qui est déjà commencé pour passer à autre chose ? Déjà triste de devoir finir ?
Au niveau personnel, en ce printemps 2020, « être à l’heure » au niveau de la souplesse d’adaptation des événements m’a demandé et me demande encore des mises à jour sur différents plans POUR récupérer mon insouciance et reprendre mon plein pouvoir ! Je prends mon temps !
Retrouver ce sentiment de joie et d’allégresse de vivre le bon moment au bon endroit avec les bonnes personnes… sans rien avoir prévu ni organisé dans l’agenda personnel… est savoureux ! J’aime particulièrement le « enjoy » en anglais pour définir ces moments-là !
L’agenda de la vie a pris le relais ? 🙂 … ou encore mieux, avons-nous consciemment fait les mises à jour nécessaires pour que tous les « agendas » soient synchronisés ? Sommes-nous ainsi capable-s de profiter de chaque « heure » et ainsi y être ?
Oui ?… à la bonne heure !
Au premier temps de la valse
Toute seule tu souris déjà …
Au deuxième temps de la valse
On est deux, tu es dans mes bras …
Au troisième temps de la valse
Nous valsons enfin tous les trois …
Une valse à mille temps
Une valse a mis l´temps ..
Jacques Brel 1959